Qu’est-ce qu’un HAIKU ?
Un haïku (俳句, haiku) est un petit poème extrêmement bref visant à dire et célébrer l’évanescence des choses.
Le Haïku est un style de poésie japonaise comprenant de petits poèmes de 17 syllabes, divisées en trois vers de 5, 7 et 5 syllabes respectivement. C’est une forme poétique très codifiée dont la paternité, dans son esprit actuel, est attribuée au poète Bashō Matsuo (1644-1694). Les enfants japonais étudient ce style de poésie dès l’école primaire et la plupart des japonais connaissent par cœur les haïku célèbres et en inventent pour se divertir.
cerisier japonais – sakura
HAIKU de printemps
Ici, nous avons un HAÏKU de printemps du poète Ryôkan Taigu très connu au Japon.
良寛(1758-1831)
りょうかん
Ryôkan
ちる さくら
CHIRU SAKURA
les fleurs de cerisier tombent
さくら ( sakura ) = fleurs de cerisier
ちる (chiru ) = tomber
のこる さくら も
NOKORU SAKURA MO
même les fleurs qui ne tombent pas encore
さくら ( sakura ) = fleurs de cerisier
ちるさくら
CHIRU SAKURA
tomberont tôt ou tard
ちる (chiru ) = tomber
さくら ( sakura ) = fleurs de cerisier
Ryokan, le poète de ce haïku était aussi un grand moine bouddhiste du Japon. Dans ce haïku, Il compare la vie des fleurs à la condition humaine. C’est une métaphore de la vie.
Si vous ne connaissez pas encore les KANA, nous vous invitons à aller sur notre page « débutant, commencez ici ».
Le langage des fleurs – HANAKOTOBA – はなことば
Au Japon, de nombreuses fleurs sont utilisées pour la signification qu’on leur donne, selon leur apparence et les qualités visuelles, olfactives…Les fleurs sont alors utilisées pour transmettre des émotions ou un sentiment particulier. Dans de nombreuses cultures, les fleurs ont une importance particulière et sont utiliser symboliquement ou lors de fêtes …
Les japonais en ont fait un art, un DÔ, une voie. Lorsque l’on découvre la culture japonaise, on s’aperçoit rapidement de la place que les japonais accordent aux fleurs dans leur culture, certaines étant un symbole fort comme le chrysanthème, symbole de l’empereur ou la fleur du cerisier, symbole de l’éphémère. Des influences du bouddhisme, la nature en général a une place particulière dans la culture du Japon.
Beaucoup de festivals sont liés aux cerisiers en fleurs (SAKURA) et se déroulent de la fin mars jusqu’à la mi – avril au Japon. C’est une période très agréable pour visiter le Japon que nous recommandons (même si parfois, il peut y avoir un peu trop de monde).
HANAMI – はなみ
Pic-nique sous les cerisiers en fleurs,
“faire HANAMI » – はなみをする – 花見をする
est l’occasion de se retrouver entre amis, de manger, boire, chanter, passer un moment agréable en contemplant les cerisiers en fleurs. Les japonais attendant la floraison des cerisiers avec plaisir. On trouve le calendrier des cerisiers en fleurs permettant de connaître les dates de floraison des cerisiers du Sud au Nord du Japon chaque année, fin mars – début avril. La télévision comme NHK en parle même dans son journal télévisé quotidien. La floraison des cerisiers est une grande nouvelle pour les japonais qui adorent contempler les SAKURA.
Une fois éclos, les fleurs de cerisiers commencent à tomber assez rapidement. Les SAKURA représente l’éphémérité des choses, symbole de l’évanescence de la vie que l’on retrouve dans le bouddhisme zen, religion importante au Japon.
La culture de l’éphémère – MONO NO AWARE – もののあわれ
L’expression mono no aware -est composée de :
MONO – もの / 物 = chose
AWARE – あわれ / 哀れ = pitié, tristesse, compassion, hélas
C’est une expression très intéressante qui reflète profondément la culture japonaise (contemplation, acceptation/résignation / impermanence…). La floraison des cerisiers en mars-avril au Japon est un des symboles du MONONOAWARE.
Le DÔ = 道 ou chemin de développement personnel
On retrouve ce kanji dans de nombreux mots japonais que vous connaissez certainement déjà :
L’origine du DÔ se trouve dans le bouddhisme zen japonais dont l’une des origines vient du taoïsme chinois. Le DÔ que l’on peut traduire par chemin, cheminement, voie, représente l’évolution au sein de l’art pratiqué. On retrouve dans ces différentes pratiques l’étude de principes communs et leurs applications.
Quiétude, obédience, respect, études des fondamentaux encore et encore sont au centre des ces disciplines. A partir du XVIème siècle, la méditation, la relation enseignant-enseigné et la répétition des gestes deviennent fondamentaux, toutes disciplines confondues.
L’idée est d’atteindre le MUSHIN - むしん – 無心, l’état du vide ou sans pensée : la pensée et l’action ne font qu’un. Cet état doit mener à l’acceptation du monde tel qu’il est.
Selon Takuan Soho, grande figue du bouddhisme zen au XVème siècle : « L’esprit devrait toujours être dans un état de fluidité, cera lorsqu’il s’arrête sur quelque chose le flux est interrompu et c’est l’interruption qui est préjudiciable au bien-être de l’esprit. Dans le cas d’un sabreur, cela signifie la mort. Quand le sabreur se tient devant son adversaire, il ne pense pas à son ennemi, ni à lui-même, ni aux mouvements du sabre de son adversaire. Il se tient juste là avec son sabre, qui oubliant toute technique, est prêt à suivre uniquement ce que lui dicte le subconscient. L’homme s’est effacé en maniant le sabre. Quand il frappe, ce n’est pas l’homme mais le sabre dans les mains du subconscient de la personne, qui frappe. »
Le DÔ prend alors un autre sens et n’est plus un “simple chemin” mais une voie de développement personnel, de transformation de soi.
Ecrire un HAïKU – はいく
Je vous propose d’écrire un petit HAÏKU 🙂
Pour faire un Haïku, il faut écrire un poème de 3 vers respectivement de 5 syllabes, 7 syllabes et 5 syllabes. En général, un Haïku parle d’une émotion ou d’une image en rapport à une saison, à la nature ou à une expérience particulière.
Voici une schéma qui résume bien la méthodologie du haïku :
- réflexion
- KIGO avec un élément naturel
- émotion
Les haïku de saison comporte un » KIGO – きご », mot de saison. Les “puristes” ne reconnaissent pas les Haïku qui ne comportent pas de KIGO. On dit au Japon qu’il y aurait plus de 5000 KIGO.
Voici une petite liste de KIGO selon les saisons. Pour la prononciation, nous vous invitons à lire l’article « Hiragana-prononciation »
Je vous propose un HAIKU de printemps que j’ai composé en regardant les cerisiers roses de mon jardin, en floraison en ce début de printemps.
retrouvez la vidéo des 2 HAIKU ici
そよかぜ は
SOYOKAZE WA
une brise
そよかぜ( soyokaze ) = brise
さくら の におい
SAKURA NO NIOI
l’odeur du sakura
さくら ( sakura ) = fleurs de cerisier
におい ( nioi ) = odeur
ピンク いろ
PINKU IRO
rosé
ピンク (pinku ) = rosé
Machiko
Télécharger HAIKU de printemps
Et si vous écriviez un HAIKU ?
Si vous souhaitez aller plus loin, nous vous conseillons ce très bon livre de Philippe Costa – petit manuel pour écrire des haïku
Cliquez sur le bouton pour charger le contenu de ws-eu.amazon-adsystem.com.
J’adore les haiku. Cela représente vraiment la culture japonaise je trouve.
Merci Rob. Les haïku et le Japon, tout un monde 🙂
J’adore les haiku. Cela représente vraiment la culture japonaise je trouve.
Merci Rob. Les haïku et le Japon, tout un monde 🙂